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Céramiques et Vieilles Dentelles

« Céramique et vieilles dentelles »

Tout autour de Bellefontaine, en arpentant les chemins, qu’ont pratiqué nos ancêtres, de Fosses à Hérivaux en passant par le côté nord, puis par le secteur sud du bassin versant de l’Ysieux, sur les terres de Marly-la-Ville, Puiseux-en-France, Chatenay-en-France, Jagny sous-bois, Lassy, Thimécourt. Parmi ceux-ci : des potiers et des fabricants (patrons et ouvrier(e)s) et marchands de dentelle.

Depuis les travaux archéologiques de Rémy GUADAGNIN et de son équipe nous connaissons toute l’importance de la production de la poterie dans notre vallée. Mais l’économie dentellière, une réalité pourtant qui a existé aux XVIe et XVIIe siècles nous est moins familière. Un livre fort intéressant et bien documenté, publié il y a une bonne vingtaine d’années et signé par Béatrix de BUFFEVENT, nous renseigne pourtant sur cette activité .

L’industrie dentellière aurait investi le nord de la région parisienne à la fin du XVIe siècle. Des marchands, des dessinateurs, des ouvriers (ouvrières principalement) et des apprentis se retrouvent dans pratiquement toutes les localités (paroisses) de la Plaine de France, de Saint-Denis à Luzarches. Soixante-dix localités ont, à un moment donné – entre1650 et 1750 – eu un lien direct avec cette industrie. A l’ouest, les dentelliers n’ont pas dépassé les forêts de Montmorency et de l’Isle-Adam. Toutefois certains se sont installés au bord de l’Oise (Beaumont, Noisy sur-Oise, Asnières-sur-Oise). A l’est, l’industrie dentellière à couvert un large secteur du département jusqu’à la limite actuelle avec celui de la Seine-et-Marne.² C’est près de 400 marchands de dentelle et autant d’ouvriers (dont environ 100 femmes) que l’auteur a recensé pour la période précitée. La commune de Villiers-le-Bel faisait figure de « capitale » de la dentelle francilienne. Elle a connu apparemment plus de 120 marchands et quelque 200 ouvriers. Cette activité a connu son essor, au plan local, au XVIIe siècle. Elle décline à la fin de l’Ancien régime et disparaîtra définitivement au milieu du XIXe siècle, c’est-à-dire au moment « où l’apparition de la dentelle mécanique condamnait la dentelle aux fuseaux à n’être plus qu’un art d’agrément » . Les dentelles de la Plaine de France étaient prisées pour leur diversité et leur qualité. Il semble qu’il y ait eu des parures somptueuses que l’on pouvait retrouver sur les robes et autres vêtements des bourgeoises et nobles et pas seulement en Ile de France car la diffusion dépassait la région.

L’implantation des centres d’activités dans les communes que nous traverserons au cours de la randonnée projetée à de quoi surprendre. A Fontenay c’est une bonne trentaine de personnes qui ont vécu du produit de leur travail soit comme marchands, soit comme ouvriers, à Châtenay-en-France, dont la population a pu être estimée à 120 habitants au XVIIe siècle, il y eut 13 marchands et 3 ouvrières. A Puiseux-en-France, l’auteur de l’étude a dénombré 6 marchands et 12 ouvriers (dont 11 femmes) pour une population totale n’excédant pas 300 habitants. A Mareil-en-France, il y aurait eu 7 marchands et autant d’ouvriers, pour un peu plusde300 résidents. Présence de marchands également à Marly-la-Ville au nombre de 5 plus quelques ouvriers et, aussi à Jagny sous Bois : 3 marchands et à Luzarches : 1 marchand et 6 ouvriers. Au Plessis-Luzarches on aurait eu 3 ouvriers et 1 seulement à Bellefontaine. En revanche, aucune personne ne semble avoir été mêlée à l’industrie dentellière à Fosses. La poterie aurait-elle employée le surplus de main d’œuvre qui ne trouvait pas à s’embaucher dans l’agriculture ?

Si les ouvriers et ouvrières ne tiraient qu’un faible revenu de leur travail, il n’en était pas de même des fabricants et marchands qui revendaient leur production à Paris. A côté de ce revenu commercial substantiel souvent ces patrons possédaient des biens immobiliers et des terres de culture et quelques fois ils étaient même marchands de céréales. Tout cela leur assurait une position aisée : ils appartenaient à la bourgeoisie du négoce. Ils pouvaient être considérés comme des « notables ». Nombre d’entre eux ont été présents, au moins dans le cadre de leur paroisse, lors de la rédaction des Cahiers de doléances en 1789 en vue de la réunion des Etats généraux. Connaissant leur nom il serait attachant d’essayer de retrouver leur trace ici ou là dans les cimetières des communes qui jalonnent notre circuit. Mais ce n’est pas au programme de la randonnée. Cependant signalons tout de même que nous passerons non loin du cimetière de Marly-la-Ville où repose Nicolas Hautin, marchand de dentelle et premier maire de la commune, de 1789 à 1792.